Deux types de personnes (ou la bonne nouvelle)
Nous revenons tout juste d'une semaine au soleil (Mexique).
Nous sommes bien reposé. On est "zen" comme on dit. Encore un voyage dans le sud à l'automne et ce sera probablement fini pour quelques années.
Hier c'était la fête des mères. On a un chien mais on est pas papa et maman pour autant.
Dans deux jours ça fera 38 mois qu'on attend.
38 mois à attendre que quelqu'un nous appelle.
38 mois à attendre avant de peinturer la chambre parce qu'on sait pas si ce sera rose ou bleu.
38 mois à choisir des prénoms et à changer d'idée. Parfois, le prénom natif des enfants n'est pas très "québécois" et il est commun de le changer.
Si c'est un ti-gars, on aime Henri et Milo.
Si c'est une tite-fille, on aime Chloé, Juliette et Mathilde.
Mais on n'y pense pas trop. Dernièrement, les délais semblent s'allonger. On entend parler de 52 mois d'attente. 54 même.
On se concentre sur la petite routine "dodo-boulot". Justement aujourd'hui j'étais rendu à "boulot".
Je travaillais sur un dossier, me souviens plus lequel.
Mon téléphone sonne. Je vois que c'est notre couple ressource qui appelle. Encore un problème avec notre mise à jour de dossier, que je me dis.
"Oui allô ?".
"Allô Guillaume c'est Marie-Andrée, ça va bien ?", dit-elle.
"Hmm, oui, merci.", je répond.
"Qu'est-ce vous diriez de fêter la fête des mères en retard cette année ?", dit-elle non sans une certaine excitation dans la voix.
"..."
"..."
"Hein ?" - c'est tout ce que je réussi à dire.
"Elle s'appelle Chloe, elle a deux ans et demi", elle ajoute.
"..."
"..."
"Sérieux ?" - je sais pas si elle me comprend, j'ai comme un trémolo dans la voix.
"Oui oui. Très sérieuse. Écoute je te laisse une minute pour reprendre tes esprits. Y'a deux types de personnes quand j'annonce la bonne nouvelle. Y'a le type de personnes qui crient de joie à tout rompre dans le téléphone, et y'a le type de personnes qui arrêtent de parler."
J'étais du deuxième type.
Ça m'a pris la minute au complet.
C'est juste après que je me suis rendu compte qu'elle s'appelait Chloe.
Chloe c'était un de nos choix de prénoms. Quelles sont les chances que ça arrive ?
Je vous épargne le reste de la discussion. Suffit de dire que c'était un des plus beaux moments de ma vie.
Et ça allait être suivi d'un autre.
Marie-Andrée n'avait pas réussi à rejoindre ma blonde avant moi. Elle annonce généralement la bonne nouvelle à la mère en premier. Je la comprend. Mais cette fois-ci c'est moi qui allait l'annoncer à Estelle.
Je l'appelle au boulot, pas de réponse.
Sur son cellulaire, pas de réponse.
Je passe aux textos.
[Pierre c'est son patron]
6 plus longues minutes de ma vie. Elle m'appelle finalement. Visiblement je la dérange.
"Qu'est-ce tu veux ?" - sur un ton légèrement empreint de reproches.
Merde, j'ai pas pensé à comment j'allais l'annoncer. Pris de court, je réutilise l'annonce qui m'a été fait. Après tout c'était très bien.
"Que dirais-tu de fêter la fête des mères ce soir ?", dis-je.
"... Hein ?"
"J'ai dit : que dirais-tu de fêter la fête des mères ce soir ?" - mon ton ne laisse aucun doute. Peut-être aussi mes pleurs, je sais pas.
"C'est pas vrai ? C'est pas vrai ?", me demande-t-elle.
"Oui oui, elle s'appelle Chloe et elle a 2 ans et demi."
"..."
"..."
Ma blonde aussi est du deuxième type.
Nous sommes bien reposé. On est "zen" comme on dit. Encore un voyage dans le sud à l'automne et ce sera probablement fini pour quelques années.
Hier c'était la fête des mères. On a un chien mais on est pas papa et maman pour autant.
Dans deux jours ça fera 38 mois qu'on attend.
38 mois à attendre que quelqu'un nous appelle.
38 mois à attendre avant de peinturer la chambre parce qu'on sait pas si ce sera rose ou bleu.
38 mois à choisir des prénoms et à changer d'idée. Parfois, le prénom natif des enfants n'est pas très "québécois" et il est commun de le changer.
Si c'est un ti-gars, on aime Henri et Milo.
Si c'est une tite-fille, on aime Chloé, Juliette et Mathilde.
Mais on n'y pense pas trop. Dernièrement, les délais semblent s'allonger. On entend parler de 52 mois d'attente. 54 même.
On se concentre sur la petite routine "dodo-boulot". Justement aujourd'hui j'étais rendu à "boulot".
Je travaillais sur un dossier, me souviens plus lequel.
Mon téléphone sonne. Je vois que c'est notre couple ressource qui appelle. Encore un problème avec notre mise à jour de dossier, que je me dis.
"Oui allô ?".
"Allô Guillaume c'est Marie-Andrée, ça va bien ?", dit-elle.
"Hmm, oui, merci.", je répond.
"Qu'est-ce vous diriez de fêter la fête des mères en retard cette année ?", dit-elle non sans une certaine excitation dans la voix.
"..."
"..."
"Hein ?" - c'est tout ce que je réussi à dire.
"Elle s'appelle Chloe, elle a deux ans et demi", elle ajoute.
"..."
"..."
"Sérieux ?" - je sais pas si elle me comprend, j'ai comme un trémolo dans la voix.
"Oui oui. Très sérieuse. Écoute je te laisse une minute pour reprendre tes esprits. Y'a deux types de personnes quand j'annonce la bonne nouvelle. Y'a le type de personnes qui crient de joie à tout rompre dans le téléphone, et y'a le type de personnes qui arrêtent de parler."
J'étais du deuxième type.
Ça m'a pris la minute au complet.
C'est juste après que je me suis rendu compte qu'elle s'appelait Chloe.
Chloe c'était un de nos choix de prénoms. Quelles sont les chances que ça arrive ?
Je vous épargne le reste de la discussion. Suffit de dire que c'était un des plus beaux moments de ma vie.
Et ça allait être suivi d'un autre.
Marie-Andrée n'avait pas réussi à rejoindre ma blonde avant moi. Elle annonce généralement la bonne nouvelle à la mère en premier. Je la comprend. Mais cette fois-ci c'est moi qui allait l'annoncer à Estelle.
Je l'appelle au boulot, pas de réponse.
Sur son cellulaire, pas de réponse.
Je passe aux textos.
[Pierre c'est son patron]
6 plus longues minutes de ma vie. Elle m'appelle finalement. Visiblement je la dérange.
"Qu'est-ce tu veux ?" - sur un ton légèrement empreint de reproches.
Merde, j'ai pas pensé à comment j'allais l'annoncer. Pris de court, je réutilise l'annonce qui m'a été fait. Après tout c'était très bien.
"Que dirais-tu de fêter la fête des mères ce soir ?", dis-je.
"... Hein ?"
"J'ai dit : que dirais-tu de fêter la fête des mères ce soir ?" - mon ton ne laisse aucun doute. Peut-être aussi mes pleurs, je sais pas.
"C'est pas vrai ? C'est pas vrai ?", me demande-t-elle.
"Oui oui, elle s'appelle Chloe et elle a 2 ans et demi."
"..."
"..."
Ma blonde aussi est du deuxième type.
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