Z'êtes fiché !

Tel que prévu (et même un peu plus tard), nous devons mettre à jour notre dossier. Nouvel examen médical, nouveau certificat de bonne conduite, et tout le tralala.

Routine. Du déjà vu. Rien d'inquiétant. Mais il faut faire vite quand même, histoire de ne rien retarder.

Je vais donc au poste de police du quartier. Je remplis le formulaire 34-C (j'imagine qu'il avait un numéro, ce formulaire). Je le donne (avec le sourire, très important le sourire au poste de police) à la gentille dame à l'accueil qui doit saisir quelques informations avant de me libérer.



"Oh. Z'êtes fiché RPV monsieur." dit-elle.

"Ooooohhnnnnn c'est ben plate." dit sa collègue.

RPV, me dis-je, c'est pas le début de ma plaque de char ça ? Ou est-ce PVR ?

"Ça monsieur c'est Responsable de Personnes Vulnérables. Comme vous adoptez, c'est plus sévère. En plus vous êtes un homme ! Probablement qu'un autre monsieur a la même date de naissance que vous et qu'il est... pas net. Donc vous devez passer à l'autre poste de police." me dit-elle.

"Pourquoi ?", demandai-je.

"Pour faire prendre vos empreintes.", me répondit-elle.

Je me dis que c'est pas si pire que ça. Un scan d'empreintes, envoye ça dans la machine, pis là tu coches "All Databases", pis là y'a une belle animation à l'écran qui dit "Match search". Dans CSI ça prend même pas 15 secondes.

"Pis après ça on envois ça à Ottawa et la GRC va analyser tout ça et nous revenir d'ici 6 à 8 semaines", ajouta-t-elle.

Hein ? 6 à 8 semaines pour analyse mes plis de peau ?

"Pis c'est 20 piastres. En plus du 20 piastres pour le certificat. Pis 10 piastres de plus pour les frais de manutention".

Sourire. Faut garder le sourire. J'essais de faire pitié, en vain.

"Je peux pas vous émettre un certificat de bonne conduite. C'est impossible. L'ordinateur ne le permet pas."

La dame est compatissante, mais elle n'a pas le choix. Je vais donc devoir patienter.

Mais qu'à cela ne tienne, je vais quand même aller à l'autre poste de police pour au moins enclencher tout ça. J'informe d'abord ma blonde du problème.

"Vas-tu aller travailler après ?", elle me demande.

"Ben oui. Pourquoi ?", je répond.

"Ben tu vas avoir les mains toutes beurrées noirs.", elle réplique.

"On est à l'heure numérique, ma chérie, ça fait des années qu'ils font pu ça avec de l'encre."

Je me retiens pour ne pas pousser la moquerie plus loin.

J'arrive au poste de police. Un policier vient me chercher à la porte pour m'emmener à la salle de prise d'empreinte, un petit garde-robe.

Dans le coin, je vois vois la belle machine "Print scan 2000" (ou un truc du genre) toute neuve. Tellement neuve qu'elle est même pas déballé.

"La vieille machine est brisée, et y'ont pas encore installé la nouvelle. Va falloir faire ça de la bonne vieille méthode."

J'ai les doigts tout beurrés noirs.

Pas un mot à ma blonde.

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